dimanche 25 mai 2014

La Mer

Beaucoup a été dit, déjà, sur la Mer. C'est mon tour aujourd'hui.


J'ai une explication à la Mer.


La Mer est le premier infini que j'ai rencontré. Certains viennent au monde les yeux vers le ciel. Ils ont l'âme légère. Mes yeux, trop faibles, se sont rattrapés à la première ligne venue. L'horizon. L'horizon de la Mer.


On n'appelle pas un être pareil. On écoute la Mer.


Les nappes de la Mer sont vastes, car les visages de la Mer sont vastes.


Ici, la Mer, plaque immobile, à l'abri du soleil couchant, dévoile dedans ses volumes, des évanescences sous-marines. Esprits nocturnes au pas des siècles de ce monde.


Là,  contre les souffles noirs d'un vent de tempête, sous la pluie fine et rapide, la Mer couve d'innombrables écailles. Ses ventres affamées, la Mer se révèle. Hydre parmi les Hydres.


La Mer, à fleur de l'eau, est grise. Le ciel, au lever du jour, développe son bas manteau de laine blanche. Et j'ai posé ma joue gauche contre la Mer. Et j'ai vu la Mer droite contre moi. C'est ainsi qu'il faut voir la Mer.


La Mer pointe un azur qui n'est pas le ciel. Qui n'est pas la terre. La Mer est ma seule île.

S. D.

dimanche 4 mai 2014

Les Pages Ratées : Henri Michaux

Le grand combat (extrait)

Il l'emparouille, et l'endosque contre terre;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais;
Il le tocarde et le marmine
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin, il l'écorcobalisse.
Henri Michaux, Qui je fus

Encore une page lamentable. Le poète Michaux, fatigué sans doute d'avoir été compris par Monsieur Lambda, semble oublier qu'il ne parle plus français dans ce paragraphe ! Personne ne lui a dit que ces mots n'existent pas ?! Et pour vous prouver la paresse de l'auteur, je vous livre, comme précédemment, une première amélioration de son geste.

Il le tape, et le pousse par terre;
Il le tape et le tape jusqu'à ce qu'il ait vraiment mal;
Il le tape et le tape et lui tape les testicules;
Il le tape et le tape
Le tape encore et encore.
Enfin, il le tape très fort.

N'est-ce pas beaucoup plus joli ? Certes, mais chacun se rend bien compte qu'on peut l'améliorer plus encore en enlevant tout l'artifice, et les répétitions.

Il le tape vraiment très fort.

Voilà. C'est quand même plus clair. Non ?
Scons Dut

samedi 3 mai 2014

Quand faire, c'est lire.

Ce billet est une mise au point. Je ne veux pas qu'on aille voir dans mes essais autre chose que des expérimentations studieuses d'une élève attentive, quoique dépourvue de ce qu'on appelle plus communément le génie. Me targué-je d'être philosophe, poète ou musicienne ? Hum ... Je lis des philosophes, et j'écoute les poètes et les musiciens.

J'ai cependant une certaine ambition dans mes lectures, et dans mes écoutes. Personne, il me semble, ne lit et n'écoute comme les pierres dans les lits des fleuves: impressionnées des turbulences du flot, elles l'épousent sans le savoir, et auraient pu tout aussi bien se faire emporter par des anguilles.

J'ai développé une irrévérence fondamentale: que le diable aille au ciel,  vieux Bonimenteur ! Accrocher le flux, tenir sous son joug la descendance de Protée! Le macagner, le triturer;  l'entoupapaouter, et le ratatriquer ! Pour qu'il parle enfin !

Pour mieux lire, je fais. J'interroge Aristote. On dit qu'il est grand, que sa pensée est puissante: je vais lui demander moi-même. Je compte le nombre rythmé de l'alexandrin. On dit qu'il est souple, varié et noble: j'écrase moi-même des syllabes les unes contre les autres. Pour mieux voir. Je réécris les cadences, je renverse les accords et fais tourner le cycle des quintes. Pour mieux entendre. Je t'attrape, symmétrie !

Je lâche ma prose, mêlée à des vers fangeux. Elle ira souiller le trottoir des internets. Jusqu'à ces écritures étranges où s'entremêlent:

Et puis, et puis. L'exercice de mise au point qui pue l'ὕβρις  :D
Corrosive Scons Dut