lundi 7 novembre 2016

Prière

Et bien, que m'arrive-t-il ? ... un merle moqueur dirait : « celle-là, qui s'échevèle, a trop longtemps sondé par son naseau le bas parfum de fleurs maladives ». Peu importe. J'ai composé. (Ou plutôt, «nous» avons composé.) En alexandrins, dans le vieux style, s'il vous plait. Académiquement boiteux, peut-être, mais sincères ... car l'objectif, que je ne vous révélerai pas, est noble. Il me faut emprunter, répéter, des voix plus illustres. Ô mais ces voix, ne nous habitent-elles pas de toutes façons ?

*

Brûle encens, de myrrhe, de buis, et d'oraison.
Monte flamme, et lève ton allure de soufre.
Défais le noeud funeste et par l'aigu tison
Fais choir la perle noire au plus intime gouffre.

Ruine de gâchis et gâchis d'encre de chine,
Temple effacé de pluie, douleur au fond du coeur,
Comme il parait lourd et dur ton socle d'épines,
Comme il pèse à nos chairs sa masse de torpeur.

ô Magicienne, ô Indécise, ô Prophétesse
Qui chante la ruine versée au noir chaudron
Aux flammes des regrets un souvenir de liesse
Un souvenir de laisse au cou comme du goudron.

Nous, apôtres des vents, des côtes lézardées,
Des marées, haletant le zeste amer d'erreur
Buvons récalcitrant la coupe chamarrée
Où renifle et tressaille l'infinie langueur.


L'ombre envahit la pièce, le parfum, seul, persiste.
Dans la marmite bout la soupe, de destin,
De signes, d'énigmes, de gâchis, de bleus kystes
Cloches tintantes ! Foudre ! Éclaire le festin !

L'Ange en son vol, troublé, se dérange, s'incline.
Comme un flocon de neige en hiver, l'Être pleut
Sur l'étrange souper, ôte l'eau purpurine,
Et d'un charme divin, apaise son ciel bleu.

Soudain, la pâte lève en blondeur, cénacle
Où fleurit, ô douceur, le gâteau du Printemps.
Aux douloureux gâchis succède, ô lent miracle,
Une bise sucrée aux lèvres hors du Temps.
 
ô Magicienne, ô Indécise, ô Prophétesse
Qui craignait l'illusion, vois maintenant l'or blond
Déborder du chaudron, déverser l'allégresse
Aux bords accidentés de ton petit coeur tout rond.

Fleuris encor, bouton jaillissant d'étincelles
Industrieux métal, sucre cristallisant
Fige caramel la dose pointue de sel,
La statue amer, inclinée d'un trait pisan.


Mangeons donc ce gâteau; à nos bouches de glace
Affluent les rivières de lait chaud du Soleil.
Ménageons pour nos mains une belle place
Aux rayons nourriciers de l'astre vermeil.

sd purpurine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire