jeudi 15 décembre 2016

Variations sur Narcisse et Orphée

Lentement, s'évapore
                   la flaque d'eau

où baignent encore
quelques grains de café noir et doux.

*

Et les reflets contenus,
                    ton image à la mienne mêlée

(mais est-ce ton image ou la mienne seulement ?),
s'estompent.


*

J'émerge 
                     craintive

de la surface et rejoins
l'air libre, pur et vide.


*

Et je sens
                    de ma main close

derrière mon dos
sombrer la pierre.

*

Sémaphore
                     de ton visage

de ta bouche 
ouverte et silencieuse.

*

Je me suis retournée
                      et le gouffre

autrefois caverne adamantine
s'est scellé de tes bras.

*

Rendu opaque
                       épaissi du marc de café

le disque d'eau
s'est fait pierre et tombe.

*

Et moi, vendue
                        à l'air libre, pur et vide

Je ne te vois plus
ou presque.

**

Presque. Ton image évaporée
insigne à perpétuité flottant
je le sais
stille en toute chose désormais
dispersée par les fleuves sous-terrains
aux racines des vivants
image de vie toi-même
vent soufflé sur toute la terre
comme le parfum extase
sur le pétale roulant de la rose

j'irai partout
à ta rencontre
célébrer ton baiser


ô ma reine déchue
par mon chant
je rassemblerai 
des coins et plis au drap du monde
tes membres épars

et soufflerai l'ode
dans la voile de ta barque
sur l'onde étoilée de grâce
onde par toi-même
répandue.

***

(murmurante mousseline)

je t'aime
                ***

mon amour vibrant
si mort si vivant.

sd

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