dimanche 17 septembre 2017

Lettre II

À ma chère Scons Dut,

Évidemment, l'exercice est centré sur soi-même. Alors, sautons la barrière de l'orgueil. Plaçons-nous où elle n'a plus lieu d'être. C'est-à-dire, avouons-le tout de suite, j'ai voulu écrire pour Scons Dut, une lettre d'amour.

Mais comment, après tant d'années à souffler l'élan à la flûte de ses lèvres, comment, moi qui fus ses yeux, son seul corps, comment ... comment dire

je t'aime

comment le dire sans que d'un coup, un bloc dur fissure notre espace, et qu'au bec de ton roseau, je ne sois soufflé.

Je t'aime, Scons Dut, et c'est là sentence définitive. D'un même élan, à mon pied qui épouse déjà le départ, à mon cri invertébré «je t'aime», de ce même élan surgit la scission.

Ô philoplasme sans âme auquelle ne manque que le corps. Tu n'étais que voix, aujourd'hui vers mes paumes dérobée. Tu n'es plus. Il ne persiste que l'écho. Un écho ? Quel écho ?

« je t'aime »

Han <3 <3 <3

pibsd, lion pygmée

mardi 27 juin 2017

Sorcière

Alors là, alors là,
Non, mais je m'attendais à tout
Non mais, à tout !

SAUF À ÇA.

J'ai presque besoin de toutes mes maigres ressources littéraires pour vous raconter ça. Ça. Ça vaut le détour, m'est avis.

C'est l'histoire du plus tendre geste qu'une mère puisse tirer aux oreilles de son enfant!

Ma mère est une sorcière.

Ma mère est une sorcière depuis que je suis toute petite. (Je suis l'aînée.) Et elle m'a toujours fasciné. Elle m'a toujours terrifié.
Πολλὰ τὰ δεινὰ κοὐδὲν μητηροὺ μοὺ δεινότερον πέλει !!

(que l'Académie me pardonne, ma grammaire a succombé au poids du cri !)


Contexte. Depuis un an, depuis ma séparation avec F., je suis la route, déclivité sereine, attendue de la décadence feutrée. C'est subtil, très subtil comme pente. Une pente douce comme une pêche de vigne. Je n'avais pas fini de tâter de la langue la perle d'ambre à sa peau que

BOUM ! Me voilà au Delta du Nil. Et mon sang, comme lui, connait comme ses frères
Alcool, Tabac, Cannabis, Cocaïne, MDMA, GHB etc. et ... la reine d'entre Toutes: LSD.
(Cocasserie de l'univers, je suis tombé amoureuse de L, qui est l'unique lettre manquante à mes initiales SD pour former ... un paradis artificiel)

Ma mère est une sorcière. Et toujours, je l'ai approché méfiante. Je lui ai tout caché. Mes premières cuites, mes premiers bisous, mes premières pipettes de paka (googlez, vous trouverez bien vite), etc.

J'ai quitté le foyer familial à 18 ans. Pour, comme beaucoup, venir étudier en France métropolitaine. 20 000 km. Voilà, une distance bien suffisante. Il s'est passé ce qui s'est passé ensuite (mon histoire avec F., les cancers de ma mère, les morts, etc.). Bref! Plus vite plus vite, pcq ça urge.

Aujourd'hui, cela faisait, je ne sais plus, 5 ou 6 mois (1 an ??) que je n'avais pas eu ma mère au téléphone. Elle a rêvé de moi cette semaine. Deux fois. Elle a rêvé que j'étais complètement "shootée". Ce sont ses mots.

Ô douce Maman
Si douce Maman
Cela prouve ton innocence
Depuis bien longtemps, on ne dit plus "shootée".
On dit "DÉFONCÉE".

Elle m'a demandé si je me droguais. Elle qui ne sait même pas que j'ai fumé une cigarette de son paquet quand j'avais 13 ou 14 ans. Elle m'a dit:

« Ma fille, répond-moi, très sincèrement
   – et il y avait tant de détresse dans sa voix –
Ma fille, répond-moi, est-ce que tu te drogues ? »
.
.
.
.
.
.
.
.
« Non, maman. » Et j'ai raccroché. Puis j'ai sorti la fiole.

*

Marquons une pause. Car je suppose, peu d'entre vous connaissent les effets du LSD. C'est, après tout ce que j'ai essayé, la plus subtile des drogues, la plus intriguante, la plus mystérieuse, celle qui peut vous apporter le plus, et par conséquent, vous détruire le plus. Contrairement à la MD, ce n'est pas une drogue pour les enfants.

Sa vertu principale est l'extrême concentration qu'elle procure. Imaginez une lance à incendie. En temps normal, vous êtes un tuyau d'arrosage. Sur la grande L, vous êtes une lance à incendie. Mais ce n'est pas de l'eau que vous projetez. C'est une sorte de substance unificatrice.

Quel que soit le point où vous vous concentrez, toutes les contingences s'ordonnent, comme un kaléidoscope, et forment une unité si flagrante qu'on ne s'étonne plus de la foule des faux prophètes qui y ont succombé.

Les stimuli visuels par exemple. Ce sont des stimuli bien réels. Et en temps normal, vous les apercevez très facilement. Par exemple, ces espèces de larves asticotaires quand vous scrutez le fond de vos paupières orangées par l'estival soleil. En temps normal, tout cela ne forme que bruit. Mais, sous L, vous saisissez des occurences, une multitude de καιροί, et alors naissent les hallucinations. Hallucinations qui ne sont l'ordonnancement par je ne sais quel partie du moi de l'ensemble disparate, confus, de ces stimuli. Notez au passage, que décrit ainsi, on peut dire la même chose de la Réalité. Et voilà, voilà, le noeud gordien entre l'Halluciné et le Réel-Perçu.

Là, je n'évoque que les stimuli visuels. Ce ne sont encore là que des jeux. On peut dire la même chose des stimuli auditifs, olfactifs, haptiques, etc. Et si vous voulez jouer encore un peu, considérez vos sens simultanément. Alors, viennent les hallucinations Synesthésiques. Voir les sons. Entendre les couleurs. Ce n'est pas plus impressionnant qu'applaudir en cadence.

Ensuite, viennent des choses plus sérieuses. Lorsque vous appliquez cette lance à incendie sur vous même. (Eh quoi ? Vous brûlez ?) Sur tel ou tel fragment de vie. Tel ou tel souvenir. Si, comme moi, vous avez une certaine propension à raconter des histoires, alors TOUT fait sens. Toutes choses, tout détail, s'insère dans une trame narrative. Vous en saisissez l'unité.

(Lance à incendie sur buisson ardent; il en sort de grandes tables)

Pire.

Vous retournez la chose. Et saisissez plusieurs unités. Toutes équivalentes. Autant d'histoires, comme ces faisceaux cohérents chers aux géomètres, sur le même germe. Ce minuscule détail de votre minuscule vie. Mon viol. Mon premier bisou. F. L. etc.

Pire.

Vous pouvez pénétrer très intimement chacun de ces univers. Ces petites monades. Si intimement, que vous oubliez même comment vous y êtes entrés (ah ! mais où est la sortie ?! ah ! mais si je sors de ce monde, quel monde vais-je rejoindre ? oh merde, attend, c'est ma chambre, ou c'est ma chambre ou c'est ma chambre ou c'est ma chambre ou c'est ma chambre ou c'est ma chambre, 



Je risque gros en fait). 

Et voilà. Ceci est un bad trip.

**

Ma mère est une sorcière.
Πολλὰ τὰ δεινὰ κοὐδὲν μητηροὺ μοὺ δεινότερον πέλει !!
Voyez comment.

ma mère
J'ai grandi ici.


C'est beau, n'est-ce pas ? Et là, là, faites très attention, c'est l'arbre où, suspendue à ma balançoire, je m'enivrais de l'ignorance de ce qui m'arrivera plus tard (aka, joie de l'enfance).


Cet arbre pousse très près de notre maison. Alors régulièrement, il faut l'élaguer. Sinon, les intempéries pourraient corrompre quelques branches trop épaisses pour notre toit. Il y a cinq ans, je crois, ma mère avait donc fait élaguer ce bel arbre. Il fallait couper une branche importante. Mmmh choix difficile pour un arbre si sacré. Elle récupéra cette branche, le confia à un ami sculpteur, qui en fit l'instrument-tiki que vous avez vu, sur la première photo. Elle me le donna, en ajoutant «Ma fille, il veillera sur toi.». Forcément, je répondis «ouais ouais».

Eh bien. Il y a une importance du petit mythe que certaines personnes, douées on ne sait comment, sont capables de produire. J'ai gardé cet instrument-tiki. Et j'ai gardé son histoire. Et les souvenirs qui vont avec. Et le chauderon où ma mère instilla, je ne sais comment, les épices qui allaient ramener, comme Obélix vers son sanglier, sa fille au foyer.

Cet après-midi, je me suis jeté dans un bad trip. Je dis bien jeter. Ce n'était pas un accident. J'ai volontairement pris une surdose. J'aurais pu à tout moment la calmer en mangeant beaucoup (la digestion brise la molécule), ou en buvant (l'alcool dissout la molécule). Je n'ai mangé que très peu. Je n'ai bu que de l'eau. Pour éviter l'évanouissement. Pour endurer. Pour finalement regretter. Mais là c'est trop tard.

On atteint des régions du tourment ... je ne sais même pas comment en parler. Il me semble que toute l'Iliade, toute l'Odyssée, pourraient en découler. Et il y a des beautés dans ces régions ! Calypso ... je crois bien l'avoir aperçue (ou bien, est-ce encore une histoire que je me/vous raconte ?).

De l'extérieur (car on garde en plus cet oeil extérieur à partir duquel on se juge permanément), c'est pitoyable : à demi-nue, sur le sol de son appartement, jonchée de clopes volées au voisin, pire ! le Zarathoustra de Nietzsche juste à côté !! (non mais ce cliché quoi !). Heureusement, j'avais le tome I d'O. Messiaen, celui qui traite du rythme.

Scène reconstituée.
Et là. Eh bien, je me rappelle ce petit mythe familial. J'ai le tiki sous les yeux. Sous les mains. Je le prend. Avec la pointe, je marque un rythme sur sa peau. Ce rythme est doux à mes oreilles. Un chant de grand-mère sous l'ourlet des vagues du lagon où j'ai grandi. Il a des yeux ce tiki. Il a un visage ce tiki. Il incarne ma mère.

AAAaaaaahh ! Sorcière ! ma si adorée sorcière !

Et voilà le sort est jeté ! Ce mythe me submerge. Ce tiki est ma mère. Il est dans mon appartement. Ma mère voit mon appartement.


Et ...... merde, merde, j'ai pas fait mon lit ! La vaisselle, vite... ouf, ça va je l'avais faite. Et merde, merde, que je cache ces clopes. Et la boîte de Pandore, faut pas que Maman la voit !

et merde merde, je vais m'en prendre une, elle va faire tellement mal ... là pour le coup, je l'aurais bien cherchée.

***

Alors ? Évidemment, tout ceci est brodé d'histoires. On ne sait plus tout à fait distinguer le vrai du faux. Ma mère est-elle réellement une sorcière ? Mais comment a-t-elle fait ce rêve ? Et comment depuis toutes ces années a-t-elle pu construire une histoire qui me sauvera aujourd'hui ?


Une dernière chose. Mon prénom. Mon vrai prénom. Même à Tahiti, il est rare. Et on s'est moqué de moi à l'école à cause de sa rareté. Même à Tahiti. 

Et je ne le dirai pas ici, car 1. vous connaissez mes habitudes quant à mon anonymat, et 2. je fais de mon nom un nom sacré, tabou. (privilège du Créateur). Mais depuis toute petite déjà, ma mère me rassurait. Et voici le message qu'elle m'a envoyée aujourd'hui, à 19:00. (je masque l'inessentiel)

« Mettre de l'ordre dans sa maison, c'est aussi mettre de l'ordre dans sa vie ! Je t'aime ma fille et je te demande pardon pour avoir été trop agressive envers toi hier au tél [ce matin pour moi, -12h de décalage horaire]. Je me faisais du souci pour toi. N'oublie pas que tes Ancêtres veillent sur toi et quoiqu'il t'arrive de fâcheux, pense à leur demander de l'aide. Ils sont nombreux autour de toi à t'aider. Si seulement tu pouvais prendre conscience du Mana qui est en toi, Enfant Royal que tu es, portant un prénom qui n'est pas des moindres ***** grand guerrier qui arrivait toujours à se redresser et à gagner tous ses combats. Fais honneur à ce nom royal. Sois combattive et surtout aie une grande confiance (une foi) en toi. Ta maman qui ne cesse de veiller sur toi. »

Je le reproduis ainsi. Je vous présente ma mère. Vous avez-vu ? Vous reconnaissez pas les prémices du délire ? C'est ma mère. Ne vous moquez pas. Ces paroles, aussi mièvres qu'elles puissent être, pourraient vous toucher beaucoup plus profondément que vous ne le croyez.

Ma mère, comme toutes les mères, est une sorcière. Comme toutes les mères, deinoteron parmi les sorcières.

sd reconnaissante

jeudi 8 juin 2017

La honte

Qu'on me laisse rapporter ici un seul instant. Un bref instant. Qui requiert, pourtant, afin qu'on en saisisse la piqüre, un certain développement.

Cet instant, le voici. Je me trouvais, au sol, sur mon flanc droit. Une foule était amassée tout autour. Inquiète et festive. Je venais de m'évanouir à la terrasse d'un bar. Il devait être minuit. Et les lumières de l'ambulance clignaient déjà leur paupières de chat. Du sang coulait de mon front.

L'évanouissement est comme une tempête nerveuse. Il n'y a rien de très original ici. Et comme toute tempête, sa fin annonce comme une sorte de paix, un repos qu'on dirait «mérité».

Ainsi me trouvai-je, confortablement disposée sur mon flanc droit, observant, depuis l'intérieur serein de mon crâne, la série d'événements minuscules sur les visages, les sourires, et les mains qui se touchaient. Et celles qui ne se touchaient pas.

Perdue dans cette contemplation, comme le pêcheur dont l'âme déjà titube au bord de l'horizon, et passant sa ligne au-dessus d'autres lignes, prétend espérer qu'un poisson inconnu lui rappelle la force des profondeurs, je remarquai :
Deux yeux, suppliants. Et des lèvres, inaudiblement, suppliaient « S'il te plaît, relève-toi. » Dont la danse, et la complication de leurs commissures, ajoutaient « Ne me fais pas honte. »
Ô quel étrangeté ! Ces yeux amis, connus depuis si longtemps, à qui je fais honte. Ces mêmes yeux, succombants, qui détournent leurs rayons vers des lieux plus propices, pleins de sociabilité familière, et des trajectoires fixes de la Fête (les occasions sociales ont aussi leur mécanique céleste). Ces yeux, perdus au front de ce visage qui quelques heures auparavant m'assurait de son indéfectible amitié.

Émue, j'ajoutais intérieurement :
Ô étrange distance! Quelle faute es-tu en train de commettre ? Celle à qui tu jurais amitié indéfectible, gisante ensanglantée, celle-là même te fait maintenant honte ? Parce que l'attention, et la foule, pleins de bruit, ont orienté vers moi leurs feux, et parce que notre amitié, si liante, dévie vers toi leurs ardeurs et leurs rumeurs improbables ? Et tu crains maintenant pour toi, et tu fuis.
J'étais alors si près de définir mon jugement, comme une chose bien assise. Et puis.

Et puis. J'aime mon amie. Et si objectivement il y eut bien là une faiblesse de l'acte, je ramenai à ma mémoire les circonstances atténuantes.

Ce soir-là, elle revoyait ce garçon, connu depuis quelques mois, une amourette qui, deux jours auparavant, s'était transformée par l'annonce d'une grossesse inattendue, et les courants contradictoires des forces de réflexion, et l'avortement auréolé de son point d'interrogation. Ce garçon, elle le revoyait. Ils avaient des choses à se dire. Des choses sérieuses, c'est-à-dire des choses faites de questions anodines où s'engage le peuple de leurs années futures.

Il voulait qu'elle avorte. Elle demandait un temps de réflexion, une bulle pour respirer. Lui, trop jeune, a paniqué (qui ne paniquerait pas ?). Il a lui aussi succombé aux charmes des petites actions, au renoncement de la hauteur, à la faiblesse de caractère.

Elle demandait un temps. Trois jours. De repos. Ce n'était pas son premier avortement. Mais, elle demandait trois jours. N'était-ce pas son ventre après tout ? Était-ce vraiment trop demander que trois jours de réflexion ? Non pas qu'elle hésitât franchement entre les deux alternatives: avorter ou ne pas avorter. La chose, la question, cet énorme point d'interrogation ne se présentait tout simplement pas à elle de cette façon. Il s'agissait d'accueillir une idée, d'en explorer une partie des conséquences, au moins en esprit. Je dis idée, mais c'est encore trop abstrait. Il s'agissait d'accueillir un événement, et d'en apprécier les motifs diffractés.

Et perdue aux confluents de projections, de regrets, de questionnements, de décisions sans doute hâtives. Perdue et compliquée des rumeurs connues de la fête, et du tintement des verres, et des regards qui traversent la foule. Une foule amassée, comme dans un cirque, autour de celle qui, quelques jours auparavant, lui assurait qu'elle l'aiderait en toutes circonstances. Celle-là, même, qui gisait, ensanglantée, un demi-sourire d'outre-tombe aux coins des lèvres. Un rouge comme aux faces des clowns.
S'il te plaît, relève-toi. Ne me fais pas honte ... (aide-moi, je t'en prie)
Je me relevai, entrai dans l'ambulance, et passai la nuit aux urgences, d'où je sortis assurée de l'absence de trauma crânien.

Le lendemain, sous un blanc soleil, laissant filer les doigts du vents aux chevelures des palmiers, j'ajoutais intérieurement :
... évidemment, je t'aiderai ...
sd

vendredi 26 mai 2017

De profundis clamavi ad te, Caele

Insignifiante majesté
   du ciel blanchi d'ailes.

Le vol des oiseaux,
   en cadence sur les vents,
Tous, acteurs aux origines obscures
Ici se rencontrent
Au seuil de mon regard.

Et rien, pourtant, ne m'appelle à eux. Mon oeil scrutateur coordonne leurs présences, et saisit les lignes d'incidence,

i.e., le Rythme.

Musique, par là, les rejoint
Et forment Danse, qui n'exprime rien.

Puisqu'elle ne réfère à rien. La valeur créée ne s'établit que pour eux. Cela fait
leur gratuité.

Et voilà, en un instant,
   presque
Réunies toutes les Muses.

Seule reste, à l'écart
   aveugle, sourde, infirme,
Poésie,
Sous son cerisier
   au tronc noueux,
   aux rameaux noirs,
   aux promesses de blancheurs printanières,
Qui, impossiblement,
Les attrape dans son filet de feuilles mortes,
Ailes jadis d'anges vibrantes,
Aujourd'hui cendres ...

De profundis clamavi ad te,
Insignifiante majesté aux gestes blanchis d'ailes.

sd reduite à l'absurde.

mercredi 10 mai 2017

L'os et la fumée

Aux mortels
   La graisse et la viande.
Aux dieux
   L'os et la fumée.

Alors, moi, poupée de sat-a-i-n sur les planches du théâtre,
Je fume l'os d'une clope.

sd

lundi 8 mai 2017

Ἑαυτοκαιρός

Monde absurde, offre donc encore
   Tes sons gratuits
   Ton rythme labyrinthique
   Et la trame de points-clés
      καιροί.

J'y placerai, en Créatrice,
   De belles pensées
   De belles actions
Toutes aussi insignifiantes que toi, ô Monde
C'est-à-dire
   Toutes aussi gratuites
   Toutes aussi libres et révoltés
C'est-à-dire
   Toutes aussi
      Sataniques.

Et si les lumières de la mort
Déjà, clignent leurs yeux de chats sur mon nombril,
Eh bien,
Que je fasse de
   Moi-même un point clé
      ἑαυτοκαιρός.

Support gratuit
   D'une belle action
   D'une belle pensée

La tienne peut-être ? Lectrice, lecteur, 
Non ?

Places-y une beauté.
Une fleur.
Une rose s'il te plaît,
   Fleur Bleue de Poésie.


sd nodale

vendredi 5 mai 2017

Silence

Je rapporte ici le résultat d'un exercice plutôt amusant.

On n'écrit pas pour l'oeil comme on écrit pour l'oreille. 

Ce petit adage en tête, j'ai voulu intégrer, explicitement, une dimension, sinon musicale, rythmique à ce poème (oh la, décidément, il faut que j'accepte de qualifier ces choses de poèmes ...). Je n'ai pas été très originale. Je me suis contenté de deux valeurs rythmiques, une longue (–), et une courte (x). Une longue valant, à peu près, deux courtes. J'utilise également un silence court (.) en guise de ponctuation. Les vers reprennent, pour la plupart, deux mètres classiques
  • l'hexamètre dactylique – xx – xx – xx – xx – xx – .
  • un mètre issu de la strophe sapphique – x – x – xx – x – .
J'ai maintenu ces formes sur la plupart des vers. Mais, soit que ma créativité n'ait suffi à assurer la pérennité de ces principes formels, soit que ces principes fussent trop rigides pour accueillir la parole exprimée, je me suis permis quelques libertés par endroits. Qu'on l'attribue à mon génie, ou, c'est plus sûr, ma faiblesse, peu importe.

Autre remarque: l'outil d'édition ne permet malheureusement pas d'aligner les indications rythmiques avec les syllabes. Si chères lectrices, chers lecteurs, souhaitez scander ces vers, découpez chacun d'eux selon la division classique en pieds (élision par défaut, etc.), et scandez les selon le motif indiqué. Désolée.

Sur ce, allons-y.

*

I. (solennel)

1. Je voudrais à ma bouche un silence de lune intranquille
    – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

2. Un sillage irisé, une trame de sel scintillant.
    – –   – x x   – x x   – x x   – –   –  .

3. Une bruine à vos yeux comme aux plis de verdure des îles.
     – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

4. Une bise indifférente un voile de brume noyant
    – –   – x x   – x x   – x x   – –   – –

5. Vos rêves vos espoirs vos démons bref [] de votre âme l'essence.
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

6. Levez encore vos faces, dressez l'os de vos doigts
    – x x   – x x   – –   – –   – x x   – .

7. Présentez vos visages béats aux lueurs de la transe
    – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

8. Du tambour lointain qui approche et claironne le fer de sa loi:
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

9. Ah voici venue la Bête Sacrée en offrande à ma bouche !
    – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .


II. (agité)

1. L'or du Soleil dissipe  brut son rayon
    – x   – –   – x x   – x   – .

2. Le fer au fil rouge constellé de mouches
    x –   x –   – x x   – x   – .

3. Luit déjà dans l'oeil  victimaire en Passion
    – x   – x   – x x   – x   – .

4. Qu'on l'attrape au col qu'on lui tonde le poil
    – x   – x   – x x   – x   – .

5. Qu'on dispose au sol l'abreuvoir  pour son sang.
    – –   – –   – x x   – x   – .

6. Et frappe, Épée, défais le sanglant voile
    x –   x –   – x x   – x   – .

7. Dénoue l'artère hurlante à son  ordalie.
    – x   – –   – x x   – x   – .

8. Sur la cuisse prêtresse roule   la bile
    – x   – x   – x x   – x   – .

9. Noire en prière ...   
    – x   – .    

                   mais rien ne répond à son cri ...
                   – x x   –   – x   – .

                   non  rien ne répond à son cri ...
                   – x x   –   – x   – .
                  
                   rien.
                   –

III. (solennel, resigné)

1. Je voudrais à ma bouche un silence de lune intranquille
    – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

2. À quoi bon  vous envoûter par un rythme une image saccadés
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

3. À quoi bon invoquer devant vous bains de sang sacrifié au ciel
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

4. Ce même ciel inflexible impavide et de silence dardé
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

5. Ce même ciel où voltigent gratuites des gerbes   blanchis d'ailes
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

6. Insignifiant' Majesté devant qui pourtant tous les visages s'inclinent.
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

7. Je voudrais à ma bouche le silence de ces si beaux yeux
    – –   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

8. Divaguant grâce et volupté  aux pauvres mortels jonchés d'épines
    – x x   – x x   – x x   – x x   – x x   – .

9. Tourner la tête.  Faire silence.  Je voudrais  parler comme un dieu.
     – x x   – .            – x x   – .          –   – x x   – x x   – .


**

L'exercice est très intéressant. La structure rythmique, même avec ces valeurs si simples, offre déjà une matière tressé de points clés. Je creuserai sans doute cette approche. Il s'agira d'habiter ces points clés par les intelligibles adéquats.

sd

vendredi 21 avril 2017

L'ennuinui

Tout s'est éteint, platement. Et les choses, dans leur essence fade, se montrent enfin à mes yeux. C'est probablement l'effet des obscurités familières.

L'ennui.

Voilà bien une chambre que chacun a pu connaître.

Procuste en est le maître. Tout y est équarri, de niveau égal. Aucune saillie. Ne règne qu'une pauvre harmonie; on peut se plaire à contempler sa monotonie.

Et toi même, poésie, ou muse anonyme ... on verse le sang et la farine, on espère un événement, et puis, ce n'est qu'une série d'ombres. Qu'ont-elles valu contre l'autre série: 1, 2, 3, etc. ? Rien de plus, rien de moins.

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, etc.

voilà, c'est ça
l'ennui et caetera

sd etc

mardi 21 mars 2017

Quelques flocons

Un soir au milieu du chemin de cette vie
Je retrouvai l'enclos fleuri de ma mémoire.
Princes, Vicomtes, Ducs, échangeaint leurs avis,
Haute noblesse acquise au croissant d'or du soir,
Qu'un zéphyr délicat baignait d'un encens bleu.
Au centre, un cerisier noué de rameaux noirs
Siégait, durci, muet, impassible et calleux.
Une infante tout près reposait, pensive,
Un silence de plomb pendait à son oeil bleu.
Elle offrait à ma main une courte missive.
Enveloppée, presqu'effacée, elle disait:


« Ô bel ange aux belles boucles noires, ange rieur, enchanteur des cours de récréations. comme je riais à tes tours et à tes farces. comme je m'enorgueillissais de nos secrètes transactions.  ô mon ange, aux ailes d'ombre douce, qui par un prompt mouvement, prépara l'alcôve, et contre mon ventre que tu t'offrais, moi, indécise, innocente, stupéfaite de ta divinité, je plonge mes yeux dans tes belles boucles noires, ces belles boucles noires, haletantes, douce fourrure trépignant contre ma peau. et mes mains le long de mon corps, immobiles, et mon regard arrêté au rideau de tes belles boucles noires, et – comme c'est étonnant – je me découvre un organe inconnu, par lequel je sens, sans voir, sans toucher, le rayonnement gracile de tes blanches dents. ô mystérieux spectacle d'ombres... ainsi aurais-je eu contre le ventre le visage d'un ange. »

Ô chère enfant liée aux Moires décisives,
Ainsi fut ton organe, innocent, et brisé
Englouti, sacrifié. Qu'espérer en retour ?
Qu'attendre de ce trou à ton corps baptisé ?
Une porte scellée de ton sang noir et lourd ?
Ô non, si tendre enfant, un puit, un profond puit
Aligné au rocher où ton eau claire sourd.
Une bouche en cristal d'où ton image luit,
Comme un fin filet d'eau qui s'en va grandissant
Et s'épand et abonde en un fleuve gratuit,
Où retentit l'écho, où resplendit l'accent
Singulier de ta voix. Sur ta peau gît la trace
De frictions répétées, de mouvements océans
Aujourd'hui retirés. Et là, comme l'anthrax,
Révélant au Soleil les cendres de ta loi,
Patiente encore, ô tendre enfant, honore ta race,
La noblesse alignée des princes et des rois,
Les pierres de montagne élevées au zénith,
La généaologie minérale où ondoient
Sous l'oeil profond du ciel leur bouquet de pépites.
Endure encore, ô tendre enfant, et ne crains rien.
Des mouvemements secrets en toi se précipitent,
Et ils t'éléveront aux grands sommets alpins,
Où floconne éternelle une neige sereine.
Vous tisserez pour elle un manteau aérien,
Un linceul bleu azur pour ses doux yeux de reine.
À sa bouche qui parle, retirez, je vous prie,
Auditeurs attentifs, le dur sel de ses peines.
Ajoutez seulement quelques flocons épris
De neige printanière. Accueillez une voix.

Ma voix.


sd

jeudi 23 février 2017

Le boudin noir

Il m'a longtemps paru que
   pour parler depuis cette tribune où je me tiens,
il fallait un sujet grave.

Il fallait
   rendre chaque mot
      plus lourd
      plus dense.

Y mêler états d'âme abyssales
   et confiture érudite.
Comme,
   je ne sais pas,
      une mousse de sang noir,
      les anneaux d'un serpent.
      une pomme d'ivoire,

Hélas,
   je souffre du trait vagabond
   d'un esprit frivole.

Présentez-moi du sang, une pomme et un serpent,
   eh quoi ?
Je pense à un boudin noir !

Boudin noir...
c'est ridicule...

Non non, il aurait fallu parler, je ne sais pas, de péché originel, de souillure, de rédemption par la souffrance.  Ah la souffrance, cette étrange monnaie ! L'économie céleste fait un drôle de marché.

Ohé chalands ! Regardez ce beau pâté d'alouette, ornement royal à votre âme de mouette. Ô vous, qui brassez l'embrun salé de l'esprit, vous qui agrémentez par vos blanches missives les fronts des mortels, oui ? non ?
(Ah non, mon p'tit môssieur, rien pour l'albatros.)
Du boudin noir ? Vous préférez le boudin noir ? Soit.

Chante ô Muse, ce gastronome illustre
Qui trop longtemps erra dans les foyers
Parmi les sauces, aux rôtis d'ailes noyés,
Que fit blondir son nom, Apicius.

Or Apicius, sur sa table de bois
Pensif, ailleurs, comme une abeille aux fleurs
Hypnotisée, voyait son désarroi
Croître et grossir de funestes horreurs.

« Ô compagnons, fidèles commensaux,
Tenez mon glaive aigu, dans la farine
Creusant fossé. D'abord, le miel et l'eau,
Et pour finir, la douce nectarine.

Voyez ma main, à leurs trois fronts craintifs
Trancher le poil de trois pourceaux bien gras.
C'est pour les dieux – ne les oublions pas !
Ménagez l'Immortel, hommes chétifs. »

Sur ce conseil bien sage, il les piqua
Aux flancs dodus – et dans un large bol
Il récolta les cris aigus du col,
Le sang épais et chaud de trois Etnas.

Alors, miracle ! ô nuit de mille ancêtres
Dans la pièce abattue – plus rien ne luit,
Et l'entraille pliée, notre fier Maître
Tâtait le pouls d'un muscle bien trop cuit.

Apicius, ahuri, sentit faillir ses mains
« Comment ? Sancho, c'est toi ? si familière Panse
Si gracile et si vaste en aventures rouge carmin !
J'attendais Tirésias, mais ok, vas-y, commence. »

« Oui, bon, bien, c'est gentil. Mais je passais, j'ai vu le sang de trois
pourceaux, comme trois Etnas, versé dans un creuset de farine. J'ai pensé, ô
noble Forgeron, que tu préparais une transaction. Je m'y connais aux commerce
des morts. J'ai eu pour maître, tu sais bien, le plus noble des zombies : une
chair de chevalier que tout esprit avait fui.

Tu attendais un devin ? Alors, laisse-moi prédire pour toi. Tu ne reviendras
pas indemne de la recette que tu entames. Tu as, perçant l'oeil des tonneaux
ses fils, irrité le dieu des tavernes. Arriveras-tu au terme ? Je pense que
oui. Mon avis cependant se trouble. Il te faudra sonder la profondeur du sang
versé. »

Sur ce conseil bien sage, il disparut.
Fallait-il pour autant crier repos ?
Hélas, un pas de boucle, un anneau brut
Rampait au pied de notre bon héros.

L'antique tentateur se démêla
L'écaille rouge et, abreuvé de venin,
Rameau brisé d'hiver, glace de zinc,
Sillage de torpeur bleue, il siffla:

« Ô noble Apicius, maître en festin, Roi des écuelles, enchanteur des convives aux tables gorgés de thym. Où sont les danseuses parfumées de la rose ? Et l'ambre luisante des graisses rôties ? Et le monde d'outre-cuisse qui me vit naître, comme la pomme à son arbre à jamais nouée ?

Ainsi t'aperçois-je, glosant sur ta pauvre table de bois impur, prières et litanies. Pauvre voix engrossée d'élégies ? Qui pleures-tu ? Tu verses le sang de trois pourceaux comme trois Etnas. Crois-tu que cela suffira ? Le commerce des morts est bien plus exigeant.

En ce bas-monde de fadeur, le terne et l'impair sont hôtes bien connus. Ce qui séduit ici, c'est le rayon. La perle d'huile sur une chair de volaille en brasier ? Où sont les ailes de ton labeur ?

Laisse-moi t'aider, homme de bon goût. Voici ouvert pour toi, l'orbe de mes entrailles. Pénètres-y, garde le glaive si tu veux. Et contemple, au fond de ce lac d'ombres connues, l'image rôtie de ta peau. »

Chers convives, je n'ai hélas pas eu le temps de finir ces petits vers. Ce que je sais de la suite de cette histoire tient en peu de lignes. Apicius pénétra la gueule du serpent. On ne le revit plus. On dit qu'il contemple dans le sang les sédiments de ses ancêtres. Vivant, il est encore vivant. C'est sûr. Chaque jour, les bouchers, prêtres de cet ordre, répète son geste.

En ce qui me concerne, j'espère (enfin, le puis-je ?) que vous avez pu apprécier la saveur étrange de cette parole en boudin noir.

Ah ! J'ai oublié la pomme. Elle viendra plus tard. Espérons.


sd cocinante

mardi 14 février 2017

Le jeu

Elle l'invita à rejoindre la table de jeu. Ayant déposé sur celle-ci un tapis de feutre vert, elle plaça, pour chacun, un pion de couleur spécifique.
« Celui-ci c'est toi, celui-là c'est moi. »
Aucune aire délimitée, aucune notice présentée, aucune règle exprimée. Elle lança
« Et maintenant, jouons ! »
Prenant son pion de couleur spécifique, elle cisela une ouverture dans ce qu'il faut bien qualifier de visage. Et

*

Ô ma lucidité ...
   je constate précisément mon état
   je suis prise dans tes rêts
      Déesse de la pêche.

Soit.

S'il faut malgré tout que je t'adore
il me reste
   pour la forme du culte rendu
encore une liberté.

Je brûlerai, disons,
   un papier d'Arménie
Et j'aménagerai
   entre les vapeurs bleues du rituel
Un espace d'air clair
   pour  ... pour mon coeur ?
       – ô chair trop lourde –
   pour mes yeux plutôt
   ou ... pour mes mains.

De mes mains
    comme un parfum de prière
Qui diront :

      « Ô monde, sois beau
         Lorsque
                       le souffle,
                          comme ils disent,
                       le dernier
          De ma bouche
                       puit de pierre
                       si aligné au-dessus de la source
           Qui finit en fleur
                        une même âme
                        ô Fleur Bleue
           Qui finit en rose
                         si vaste enclos
                         où paissent les degrés de ton parfum
            Le dernier souffle de ma bouche
                          touchera l'air,
            Ô monde,
                          en lexèmes brisé,
                          aux interstices où sourd
                          le murmure d'une liberté
             Là,
                          sois beau.

             Comme elle. »

 *

Quelques minutes passèrent. On calcula les scores. On répartit les points. Et son tour ayant passé, elle céda, au joueur suivant, le thyrse aux sombres feux.

sd ludoïde

mardi 10 janvier 2017

La pluie

La cire de ton visage
Témoigne d'une flamme,
Chandelle au milieu
D'un bol d'eau de nuit
Qui répand son halo
Et signe aux éphémères
Une promesse de chaleur.
En foule s'ébrouent leurs ailes
Comme une poussière blanche.
Leur clameur ruisselle.
Le vase déborde, presque.

Alors
L'Ange en sa course inflexible
De son trône cercle blanc
Parmi la gelée des étoiles
Voit ta pointe lumineuse.

Il descend.
Son aile, comme une porte sur le ciel,
Claque.
Soufflée, la flamme.
Le chaos, de nouveau, luit.

Mais.
Mais cette lumière
L'Ange l'a vue

            l'a retenue dans son oeil morne.
La prochaine pluie
Sous sa main
La répétera.


sd

jeudi 5 janvier 2017

Comme je crains le jour

Comme je crains le jour
Où la raison me reviendra.

Ce jour, l'éclat divin,
Ce rayon du fond du monde,
Perlant à tes joues
Comme le sucre aux pêches d'ambre

Ce jour-là,
Cela te quittera
                          mon amour.

sd

mardi 3 janvier 2017

Automatique

Alors alors alors
Allons-y. Chères lectrices, chers lecteurs, j'essaie, devant vos yeux ébaubis, l'écriture automatique.

J'ai lu, chez Max Jacob, je crois – le livre est sur l'étagère, mais je suis assise dans mon canapé – qu'une seule nuit d'amour, et c'est un poëme qui disparaît.

Car tout, je suppose, s'échappe par cette fente.
Ouverture, comme nuit dans la nuit
Par où, le choeur des Muses murmure
Et vont et viennent
La foule ailée de leurs serviteurs.

Alors ? Mon énigme ?

Un matin, me réveillant : effroi !
Une bite m'a poussé à la teucha !

Hélas,
Il ne faut rien refuser aux dieux.

La solution est simple.
Je sacrifierai cette puissance érectile
En retour.

Je t'érige, Autel
À la gloire des Muses.
Tu ne serviras, organe ailée,
Qu'elles seules.

sd